L’utilisation de la zircone au quotidien ~ Dr Claude Launois

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Adepte du « tout céramique » depuis plus de 20 ans avec les facettes de céramique, j’ai suivi tout naturellement l’évolution des céramiques que ce soit sur le plan esthétique ou sur le plan mécanique. Dès l’apparition des céramiques polycristallines, en particulier la zircone, j’ai cru en ce procédé depuis le début.

Pendant plus de 30 ans, après la réalisation d’une thèse en sciences odontologiques à propos de la comparaison d’élaboration du joint céramique dent, j’ai élaboré moi-même la plus grande partie des éléments céramo-métalliques avec toutes les satisfactions qu’ils peuvent procurer mais aussi toutes les difficultés, plus particulièrement, liées à la métallurgie, à l’élaboration des opaques et de la liaison de la céramique cosmétique.

Dès l’arrivée de la CFAO pour élaborer les armatures des couronnes périphériques puis les infrastructures des bridges, j’ai immédiatement suivi cette évolution qui représente aujourd’hui plus de 90 % des éléments réalisés. Les céramo-métalliques n’étant plus réservés qu’à des cas très particuliers, bridge avec plus de 3 intermédiaires par exemple. Pour les éléments céramo-céramiques, je me suis orienté vers la zircone car j’avais une certaine difficulté à maîtriser l’élaboration de la partie cosmétique sur les bases alumine.

Ne pouvant plus « me débrouiller seul », j’ai demandé à Hervé MARECHAL de réaliser dorénavant toute la céramique et sa conception de travail me convenait.

Les principes communs étaient les suivants : choisir une zircone fiable, un double scannage indispensable pour respecter une homothétie parfaite des armatures et réaliser des armatures permettant au niveau proximal de faire travailler la céramique en compression. Cette conception d’armature est identique à l’élaboration des armatures métalliques, la résistance de la céramique cosmétique ne change pas avec sa cuisson sur la zircone.

Mon expérience avec Diadem

Pour la zircone, DIADEM nous semblait un choix opportun. C’était une société ancienne, connue dans le domaine non dentaire de la zircone, qui fabrique ses propres ébauches sous pression isostatique de plus de 3 000 bars, réduisant le risque de porosité.

L’unité de fraisage robotisée est fiable (Fig. 1), le système de numérisation ouvert offre au prothésiste la possibilité d’envoyer ses fichiers numérisés ou le MPU avec ou sans wax up (Fig. 2a et 2b). Le contrôle final assuré par ressuage garantit le résultat (Fig. 3).

Au niveau clinique, j’attache une attention particulière à la qualité des préparations, le profil de la limite cervicale, sous forme de congé rond d’une épaisseur de 1,2 à 1,5 mm selon la dent, si la dent est pulpée ou dépulpée (Fig. 4).

Les qualités optiques de la zircone me permettent de placer les limites en juxta-gingival et de rendre facile l’étape de l’empreinte. Empreinte réalisée généralement en 2 temps (empreinte rebasée).

La qualité de précision me permet de ne plus contrôler l’adaptation des armatures zircone pour les éléments unitaires ou les petits bridges. Je ne réserve cette étape que dans le cas de bridge de grande étendue. Situation délicate par le risque de présence de zones de contre-dépouille (Fig. 5).

Pour la fixation de ces éléments céramo-céramiques sur base zircone, j’utilise maintenant, après avoir utilisé les CVIMAR, les colles auto-adhésives. Elles sont faciles d’utilisation par leur présentation commerciale sous forme de double seringue mélangeuse, les contraintes face à la présence d’humidité ne nécessitent pas la pose d’une digue. Pour faciliter l’élimination des excès de colle, j’applique sur toute la périphérie cervicale le vernis SEP de Sun Medical (Fig. 6).

Fig. 1 : unité de fraisage robotisée (Diadem) Fig. 2 : 2a : détail d’un wax up pour un bridge 2b : wax up d’un bridge avec attachement Fig. 3 : qualité garantie après frittage Fig. 4: exemple de préparations pour céramo-céramiques sur dent pulpée et dépulpée Fig . 5 : essai de l’armature dans le cas de grand bridge

La zircone est parfaitement tolérée par le parodonte marginal (Fig. 7). Dans la grande majorité des cas, le joint dento-prothétique est réalisé par la zircone (Fig. 8). Dans certaines situations cliniques, je fais élaborer ce joint dento-prothétique en céramique cosmétique pressée (Fig. 9) qui me permet de réaliser un collage de l’élément avec une colle dual et un adhésif M&R selon un protocole utilisé généralement pour le collage des facettes en céramique feldspathique renforcée.

Fig 6 : collage du bridge, isolant visible Fig. 7 : rendu final Fig.8 : joint cervical zircone/dent Fig. 9 : exemple d’un joint cervical céramique cosmétique pressée/dent

La confiance acquise au fil des années m’autorise à réaliser des bridges céramo-céramiques sur armature zircone munis d’attachement externe mâle pour prothèse amovible métallique (Fig. 10a et 10b).

Conclusion

La zircone fait partie intégrante de mon exercice quotidien, elle est utilisée dans tous les cas de couronnes périphériques sur dents dépulpées reconstruites par faux moignon métallique (Fig. 11a et 11b). La céramique cosmétique pressée sur la zircone (zirpress d’Ivoclar) adaptée en colorimétrie à la céramique feldspathique renforcée au disilicate de lithium (Emax press) permet à Hervé MARECHAL d’associer des éléments d’infrastructure différente dans une bouche pour un résultat esthétique semblable et remarquable (Fig. 12a et 12b).

Fig. 10 a et 10b : bridge zircone avec attachement pour PPAM Fig. 11a et 11b : CCC zircone sur 21 en remplacement d’une CCM, avant et après Fig. 12a et 12b : CCC base zircone sur 22 en remplacement d’une CCM, associée à une facette sur 21, avant et après

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